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Thessalonique

La capitale de la Macédoine, bâtie au bord d’une magnifique baie, le golfe de Thermaique, est aujourd’hui la deuxième ville de Grèce. Depuis sa fondation en 315 av. J.-C., elle a suscité les envies du fait de sa position de carrefour de communication entre l’Occident et l’Orient.

La deuxième ville de Grèce (un million d’habitants) offre un étonnant contraste entre ses quartiers neufs en front de mer, ses monuments romains, byzantins ou 1900, et ses quartiers populaires aux maisons peintes de vives couleurs, il l’aspect oriental.

Les zones industrielles, dont un important complexe pétrolier, et portuaires se développent au sud-ouest de la ville. Située dans une région agricole riche où poussent de vastes champs de blé, de coton, de riz et de tabac, elle joue aussi le rôle de carrefour de communication.

« Ville convoitée» tout au long de son histoire, ville cosmopolite, ville de congrès, et ville universitaire (50000 étudiants), Thessalonique est aussi une ville riche en monuments de toutes les époques – dont un ensemble exceptionnel d’églises byzantines -, proche des grands centres historiques macédoniens: Pella, Verghina, Dion. Ville intellectuelle, elle se distingue par ses revues littéraires et politiques. Elle possède un caractère noble et mystérieux qui ne peut laisser le visiteur insensible. Enfin, elle est réputée pour son ouzo et ses pâtisseries

A l’automne, il se passe toujours quelque chose à ThessalonIque. En septembre pendant la Foire commerciale internationale se déroulent les festivals du Film et de la Chanson. En octobre, les Dimitria remettent en valeur les activités traditionnelles artisanales, comme le théâtre d’ombres ou le travail du cuivre. Et au printemps (20-23 mai, l’Anastatica à Langada et à Haghia Eléni) se déroulent les danses du feu. Des hommes et des femmes, portant des icônes de saint Constantin et sainte Hélène, pratiquent une ancienne coutume, consistant à danser pieds nus sur des charbons ardents.

Du bord de mer au musée archéologique

La visite que nous vous proposons ci-dessous se fera à pied ou en tramway, car il est difficile de stationner. Le long de la mer, la ville basse est construite sur un plan en damier.

Commencez par la promenade en bord de mer (avenue Vassileos Konstantinou) qui part de la place Aristotelous, bordée d’immeubles modernes, au pied desquels sont installés boutiques de luxe, consulats, grands hôtels, pâtisseries et cafés. En s’éloignant vers le sud-est, on parvient à l’imposante tour Blanche (Lefkas Pyrgas), entourée d’arbres. Construite au XV s. par des Vénitiens au service des Turcs, c’est le seul reste de ces remparts démolis en 1866. Elle abrite aujourd’hui le musée d’Art byzantin et d’Histoire de la ville: monnaies paléochrétiennes, vases, stèles funéraires, chapiteaux, mosaïques et objets de culte.

Le musée archéologique

Prenez la rue Nikolas Germanou, qui part en biais jusqu’à un grand carrefour – la place H.A.N.T.H. -, ou se trouve sur la droite le musée archéologique. Il renferme les objets des fouilles découverts en Thrace et en Macédoine.

Dans l’aile moderne du musée sont présentées d’extraordinaires collections d’objets précieux, provenant de tombes.

Le trésor de Verghina: une maquette du tumulus et des photos illustrent cette découverte sensationnelle (1979) d’une tombe présumée être celle de Philippe II de Macédoine. La plus belle pièce est le coffret en or (0,40 x 0,33 x 17 m) dont la masse est de 8,2 kg; trouvé dans l’antichambre, il était déposé dans un sarcophage de marbre couvert de plumes d’oiseaux. Son décor est composé de palmettes, de rosaces et, sur le couvercle, d’un soleil rayonnant où étoile à douze branches, emblème des rois de Macédoine. Il contenait des ossements calcinés et un diadème en or. A côté était déposé le carquois recouvert de plaques d’or qui portent en relief des scènes de batilles. Dans la chambre principale, le sarcophage renfermait aussi un coffret en or (II kg) qui contenait une couronne en or de glands et feuilles de chêne et des ossements calcinés colorés de pourpre. Le diadème en argent doré, orné d’un étonnant nœud de ruban, les vases en argent, les fragments de statuettes d’ivoire, tout dénote une exécution superbe, et tend à prouver qu’il s’agit d’un personnage de marque.

Le trésor des tombes hellénistiques de Derveni a livré un extraordinaire cratère de bronze du Iye s. av. J .-c., haut de près de 1 m, aux décorations en relief très raffinées, et des vases en bronze et en argent, ainsi que des bijoux en or.

Le trésor de Sindos provient de tombes des YIe et ye s. avant J.- c.; ce sont surtout des vases, des bijoux, des armes; mais aussi des modèles de chariots en fer, et des masques funéraires en or.

Enfin, le musée possède une importante collection de sculptures classées en ordre chronologique, de l’époque archaïque jusqu’au ye s. apr. J.-c., et un ensemble de mosaïques trouvées dans une maison romaine.

Les vestiges romains

Remontez la rue Angelaki qui longe les bâtiments de la Foire internationale, puis tournez à gauche sur la place Sindrivaniou, prolongée par la rue Egnatia ou l’on voit l’arc de Galère. Construit en 303, cet arc de triomphe fut édifié pour commémorer les victoires de cet empereur romain sur les Perses. Celles-ci sont illustrées dans les bas-reliefs qui ornent le monument. Sur cette place de nombreux cafés permettent une halte agréable. Tandis qu’à 200 m au sud, on peut faire un détour pour apercevoir les fouilles du palais de Galère, sur la place Navarinou.

Les monuments byzantins

Sur le même axe (vers le nord-est), la rotonde Saint-Georges  se distingue par son minaret construit par les Turcs, qui l’avaient transformée en mosquée. Originellement, cet édifice romain devait servir de mausolée pour l’empereur païen Galere, mais, étant mort loin de Thessalonique, sur un champ de bataille, il n’y fut pas enseveli. Yers 400, le bâtiment fut consacré au culte chrétien, et fut agrandi d’une abside et d’un déambulatoire circulaire. Sa coupole fut ornée à la même époque de mosaïques à fond d’or : le Christ debout tenait la croix. La zone inférieure présente sur deux registres, les restes des pieds des apôtres, et des architectures de fantaisie sur lesquelles apparaissent huit saints martyrs, les bras étendus dans le geste antique de la prière.

Poursuivez vers le nord-ouest et prenez à gauche pour visiter l’église Haghios Dimitrios dans la grande rue du même nom. De plan basilical à cinq nefs, elle est bâtie sur le lieu du martyre de ce saint. C’est dans la crypte que sont conservées ses reliques depuis 1978. Reconstruite après l’incendie de 1917, avec les matériaux originaux, elle conserve quelques mosaïques à fond d’or du YIIIe s., réparties sur les piliers à l’entrée du chœur. Ce sont des images votives de personnages encadrant la figure du saint.

Les fresques illustrent son martyre.

Revenez vers la mer. Sur la droite, la minuscule église de la Panaghia Halkéôn (Yierge-des-Forgerons) fondée en 1208, dans un quartier ou l’on travaille toujours le cuivre. Typique de l’architecture byzantine, elle est construite sur un plan en croix grecque inscrite. A l’extérieur, effets décoratifs de la brique, des lignes architecturales; à l’intérieur, fresques du XIe s.: ascension du Christ à la coupole, entouré de la Yierge, d’anges, et des apôtres.

Promenez-vous ensuite dans le marché central, Kendriki Agora, extrêmement pittoresque. Dans ce quartier commerçant, les marchands proposent fourrures, bijoux, articles en cuir, objets en bronze, mais aussi d’excellentes pâtisseries.

Et vous pourrez terminer par l’église Haghia Sophia sur la place terminant la rue Ermou au sud-est. De plan basilical à coupole, elle possède des mosaïques des VIIIe et IXe s. Dans l’abside, une Yierge trône avec l’Enfant. Même si les proportions sont maladroites (la tête de la Yierge est trop grande pour le corps), elle est d’un grand effet sur le fond d’or. Sur la coupole, l’ascension du Christ; en dessous, la Yierge et les apôtres sont instruits de l’événement par deux anges. Tout ceci apparaît dans un style expressif.

En flânant dans la rue Ermou, vous reviendrez au point de départ en passant par le quartier francophone et l’église catholique de Saint-Louis, bâtie en 1744 (angles rues Dokekamsson et Sofou).

Dans la ville haute

Bien que touchée par la nouvelle urbanisation, la ville haute (ano poli) a gardé une partie de ses remparts byzantins qui ferment l’ancien quartier turc aux ruelles tortueuses. On viendra ici le soir dans les tavernes ou l’ambiance bouzouki se maintient fortement.

L’église d’Hosios David possède une belle mosaique (ve s.) dans l’abside: le Christ imberbe trône sur un arc-en-ciel et apparaît aux prophètes Ezéchiel et- Habacuc. En bas coulent les quatre fleuves du paradis.

Un peu plus haut, vers la droite, du couvent des Vlatéon, on a une vue superbe au soleil couchant. Tandis que vers le nordouest se situe l’église Sainte-Catherine (XIIIe s.) ornée de fresques illustrant les principaux miracles du Christ. Toujours dans la direction de la gare, plus à l’ouest, on pourra visiter l’église des Saints-Apôtres (Dodeka Apostoll) joliment construite en brique, au XIVe siècle, et ornée de mosaïques.

Le musée folklorique et ethnologique, au sud de la ville (68, avenue Vas. Olgas; bus n° 5), présente dans un ancien palais des objets d’arts populaires de la Grèce du Nord, ainsi qu’une belle collection de costumes.

RENSEIGNEMENTS UTILES

Code téléphonique: 031.

Office du tourisme: 8, place Aristotelous, tél.: 222-935.

Aéroport international à Mikra, 16 km au sud; tél.: 424-720.

Liaisons avec Athènes, La Canée, loannina, Heraklion, Kos, Lemnos, Mytilène, Patras, Rhodes, Samos et les capitales européennes.

Bateaux: pour Le Pirée (7h), Lesbos, Chios, Heraklion et La Canée; Hydrofoils pour Skiathos, Skopelos et Alonissos; tél. :

531-505.

Consulat de Belgique: Dodekanissou, tél.: 53.81.57.

Gare ferroviaire: à l’ouest de la ville, rue Monastiriou, tél.:

517-517. Trains pour Athènes via Larissa, Livadia et Thèbes, en 8h; Edesse; Alexandroupolis; Istanbul; Belgrade.

Gare routière: OSE, 18, rue Aristotelous; tél.: 276-382; et KTEL, 67, rue Monsatiriou, tél.: 516-104.

AUX ENVIRONS

Du village de Panorama au nord-est (10 Km), sur le mont Hortiatis, vue sur la baie; c’est une promenade agréable ou il fait plus frais qu’à Thessalonique. On y prendra volontiers un café et une pâtisserie à la crème du nom de triguna.

A 37 Km à l’ouest, sur la route d’Edesse, la cité antique de Pella  a été découverte par les archéologues en 1957.

A la fin du Ve s. av. J.-c., le roi de Macédoine, Archelaos, choisit ce site pour y bâtir son palais; Pella devint rapidement une ville importante qui attira des artistes et des écrivains, comme Euripide ou Aristote. Les deux grands rois macédoniens, Philippe II et Alexandre le Grand qui y naquirent, en firent la capitale de la Grèce. Mais Pella fut pillée par les Romains en 168 av. J.-C.

Les fouilles ont révélé un réseau de rues tracées suivant un plan en damier, sous lesquelles court un réseau de canalisations, dont les tuyaux d’argile sont encore visibles. On remarquera aussi les ornières laissées par les roues des chars. Le long de ces rues, les riches demeures possèdent de magnifiques pavements de mosaïques. Les pièces d’habitation ouvrent sur des cours entourées de portiques.

Les mosaïques, faites à partir de galets locaux, sont d’une finesse et d’une richesse de couleurs étonnantes; elles présentent soit des décors géométriques, soit des scènes historiées. On remarquera notamment l’enlèvement d’Helene par Thesee, une chasse au cerf et une Amazonomachie.

Ne manquez pas de visiter le musée; il renferme d’autres pavements : Dionysos chevauchant une panthère, des Centaures et Alexandre le Grand sauve par KraterGs lors d’une chasse au lion, un vase avec une Amazonomachie, une statue de chien en marbre, un petit Poséidon, etc.

Fondée par le roi de Macédoine, Cassandre, cette ville reçut le nom de son épouse, Thessalonike. Les Romains la promurent au rang de capitale d’une des quatre provinces de l’Empire et assurèrent son développement en construisant la voie Egnatia, qui la reliait à l’Adriatique. Celle-ci correspond encore au tracé de l’une des rues les plus importantes de la ville. Très vite, Thessalonique se distingua par les personnalités qu’elle reçut: au milieu du 1er siècle av. J.-c., Cicéron y vint en exil; au milieu du le’ s. ap. J.-C., l’apôtre Paul séjourna ici, et écrivit plus tard les Lettres aux Thessaloniciens; à la fin du JI< s. l’empereur Galère s’y établit, et commanda la construction d’un palais, d’un arc de triomphe et de son mausolée. Sous son règne, lors des persécutions des chrétiens en 306, mourut Dimitrios, qui deviendra le saint patron de la ville. En 390, les habitants se révoltèrent contre le premier empereur chrétien de Byzance, Théodose. La répression fut sans pitié: 7000 personnes moururent dans (‘hippodrome.

Aux VIe et Vile siècles, la ville connut un grand essor, et devint l’un des plus importants ports de la Méditerranée orientale. Mais sa prospérité suscita des convoitises: en 904, les soldats noirs de Léon 1 de Tripoli pillèrent Thessalonique. Après la quatrième croisade, Boniface de Montferrat reçut la charge de gouverner le royaume de Thessalonique qu’il conserva près de vingt ans (1205-1222). En 1313, elle réintégra l’Empire et se distingua avec des «qut’relles byzantines» qui aboutirent à la révolte des Zélotes. Ceux-ci établirent un pouvoir populaire. En 1430, Thessalonique subit la conquête et le pillage des Ottomans; en 1492, elle vit arriver une importante colonie de juifs chassés d’Espagne, qui disparaîtra pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Le début de ce siècle fut marqué par la lutte pour la libération de la Macédoine (1904-1908), puis la révolution des Jt’unes-Turcs (1909), 1 les guerres balkaniques (1912-1913), enfin la libération de la ville (octobre 1912), lorsqu’elle fut rattachée à la Grèce, après quatre siècles d’occupation ottomane. Un an plus tard, le roi Georges 1er y fut assassiné. Sa position stratégique géographiquement lui fit jouer un rôle majeur pendant la Première Guerre mondiale: en septembre 1915, les troupes françaises, britanniques et russes débarquèrent à Thessalonique. Et c’est ici que le Premier ministre, Venizélos, s’opposa au roi Constantin 1er dans sa politique pro-a:Jemande; il voulait l’entrée en guerre de la Grèce auprès des alliés de l’Entente. Venizélos forma un gouvernement provisoire à Thessalonique (1916) et destitua Constantin. II engagea les troupes grecques aux côtés des Alliés.

En 1917, une grande partie de la ville basse brula.