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Delphes

Facilement accessible d’Athènes (165 Km), mais également de l’ouest et du nord de la Grèce, Delphes est une visite que l’on ne manquera pas d’entreprendre et à laquelle on consacrera une journée.

En arrivant, le paysage grandiose surprend: le sanctuaire est situé au pied de falaises, au-dessus desquelles planent des gypaètes et des corneilles. C’est ici, au centre du monde, que l’oracle décidait des destinées politiques des cités.

Le sanctuaire d’Apollon Pythien

Sur les pentes de la montagne, les monuments antiques sont répartis le long de la voie sacrée. Il faut imaginer cette rue dallée bordée d’une accumulation d’édifices et de statues, consacrés par les cités, à la suite de victoires militaires. On voyait notamment des proues de navires, des chars, des boucliers… que chacun déposait ici avec ostentation.

A l’origine, la déesse Gaia, la Terre, régnait et rendait des oracles dans ce lieu connu sous le nom de Pytho. Mais un jour, Apollon arriva par la mer sous l’apparence d’un dauphin (delphis), et le lieu s’appella désormais Delphes. Le dieu combattit et tua le serpent Python. «Pres d’une source aux belles ondes, le Seigneur, fils de Zeus, tua de son arc puissant le dragon femelle, la bête énorme et géante, le monstre sauvage qui, sur la Terre, faisait tant de mal aux hommes, tant de mal aussi à leurs moutons aux pattes fines…». Le mythe symbolise la lutte entre Apollon, dieu de la Lumiere, et Python, serpent appartenant au monde souterrain, le domaine des ombres. En souvenir de cet exploit, Apollon fonda les jeux Pythiques, et consacra dans le sanctuaire un trépied. C’est sur celui-ci que la Pythie rendait les oracles en mâchant des feuilles de laurier, l’arbre consacré à Apollon (voir «Daphni») Tres vite, Delphes devint un grand centre religieux, administré par une confédération composée des représentants de douze régions de la Grece septentrionale. Tous les huit ans, on c~lébrait des jeux qui commémoraient la victoire d’Apollon sur Python; un drame sacré figurait la lutte du dieu contre le monstre; des concours musicaux avaient lieu dans le théâtre (5 000 places); enfin des jeux gymniques et hippiques se déroulaient sur le stade.

La Pythie fut d’abord choisie parmi les jeunes filles de la région, mais ensuite cette fonction fut remplie par des femmes d’âge mur, connues pour leur vie exemplaire et pour leur sagesse.

Pour consulter la Pythie, il fallait en premier lieu se purifier à la fontaine Castalie, puis acquitter une taxe sacrificielle, et enfin offrir un animal en sacrifice. Si celui-ci était reçu de façon favorable, la personne était introduite dans le naos, et posait la question à laquelle la Pythie, invisible, répondait en vers ou en prose. Ensuite, on s’adressait à des spécialistes, les exégetes, qui interprétaient le sens caché de la réponse. Les particuliers n’étaient pas les seuls à venir à Delphes, les cités prenaient aussi conseil aupres de l’oracle: à l’époque archaÏque, les questions portaient surtout sur la fondation des colonies, plus tard, elles concernaient les guerres. Ce sanctuaire eut une influence tres importante dans tout le monde méditerranéen: les représentants des cités ne manquaient jamais d’interroger l’oracle au sujet de la fondation des temples.

L’oracle donnait des conseils pour la vie mo/ale des personnes et insistait sur la purification pour échapper à un châtiment du au destin. C’est ainsi qu’ Oreste (voir «Mycenes») vint se purifier à Delphes, pour se laver de son parricide.

On franchit le mur d’enceinte devant l’agora aménagée à l’époque romaine, et l’on suit la voie sacrée, qui était bordée près de l’entrée d’ex-voto érigés par les cités rivales; il s’agissait surtout; de statues posées sur des socles.

Le long du tournant, les cités avaient bâti des trésors; ces édifices de taille modeste abritaient les offrandes les plus précieuses. Sur la gauche, on passe devant les fondations du trésor de Sycione, de ceux de Siphnos, de Thèbes; celui des Athéniens est le seul qui ait pu être reconstitué. Il fut édifié, en marbre de Paros, avec le butin pris à Marathon.

Le temple d’Apollon se trouve sur une terrasse, soutenue par un magnifique mur, couvert d’inscriptions qui sont pour la plupart des actes d’affranchis. Plusieurs édifices se sont succédés à cet emplacement, le plus ancien remontant au VII siècle J.-C., et le dernier reconstruit après le séisme de 373 avant J .-C. Ce temple dorique présentait six colonnes en façade et quinze colonnes sur les longs côtés. Il contenait l’omphalos (conservé au musée);

C’est ici que l’on venait interroger la Pythie, après avoir sacrifié un animal, sur le grand autel situé devant l’entrée du temple.

Par l’escalier on parvient au théatre, édifié au IVe av J.-c. et remanié à l’époque romaine. Ne manquez pas de vous retourner, et de regarder le paysage : à gauche, les falaises et la gorge de Castalie, à droite, une mer d’oliviers couvre la vallée de Pleistos.

Sur la gauche du théâtre, le chemin monte au stade construit au IIIe siecle av. J .-C; sur les gradins, 7 000 spectateurs pouvaient prendre place. La piste est large de 25 m et longue de 178 m.

Le musée

Les objets rassemblés proviennent des fouilles réalisées sur le site par l’Ecole française d’Athènes depuis 1840.

En haut de l’escalier, l’omphalos était une pierre sacrée, conservée dans le temple, qui marquait le centre du monde au-dessus de l’omphalos. Zeus avait lâché deux aigles qui volèrent l’un vers l’est, l’autre vers l’ouest; ils se rencontrèrent à Delphes, au centre du monde au-dessus de l’omphalos.

Un trépied supporte un chaudron; ces objets constituaient, comme à Olympie, les principales offrandes à l’époque archaÏque.

Salle du tresor de Siphnos: les reliefs du fronton illustrent la Dispute du trepied entre Apollon et Herakles. Le héros, devenu fou à la suite d’un meurtre, s’était rendu à Delphes. Mais la Pythie refusa de lui indiquer comment il pourrait se purifier. Héraklès, furieux, voulut s’emparer du trépied de l’oracle. Ce qui engagea une lutte entre le dieu et le héros. Zeus les sépara en envoyant la foudre. Le long des murs sont disposés les frises de l’édifice. L’une figure une scène de combat devant l’assemblée des dieux; l’autre, en face, illustre une gigantomachie (combat des dieux et des géants) très animée. On remarquera aussi un fragment de relief qui représente le jugement de Pâris, une tête de femme en marbre de Paros, et le sphinx ailé que les Naxiens avaient placé en haut d’une colonne.

Salle des Kouros; dans cette pièce également consacrée à la sculpture archaïque, les métopes du trésor de Sycione, quoique très abîmés, laissent reconnaître le navire des Argonautes, l’Enlevement d’Europe, les Dioscures conduisant des taureaux, le sanglier de Calydon, et Phrixos portant le belier Il la toison d’or.

Deux grandes statues jumelles de Kouros, en marbre de Paros, ont été dédiées à Delphes vers 580 av. J.-C. Œuvres d’un sculpteur d’Argos, elles passent pour représenter Cléobis et Biton, les fils d’une prêtresse d’Héra. Les taureaux du char de leur mère . Manquant, Cléobis et Biton s’attelèrent à la place des animaux et conduisirent le char jusqu’au temple. La prêtresse demanda à la déesse de récompenser ses fils: ils s’endormirent aussitôt du sommeil éternel!

Salle du taureau: les objets exposés ici ont été découverts dans une fosse sous la voie sacrée. Le matériel sacré usagé ou abîmé n’était pas jeté, mais enfoui dans le sanctuaire; cette pratique. Se retrouve dans d’autres religions. Le taureau est constitué de plaques d’argent fixées sur une âme de bois (VI siècle av. J.-c.).

Le brûle-parfum en bronze est une pièce constituée d’une jeune femme portant sur sa tête la coupelle.

Repassez par la salle des Kouros et des boucliers, et prenez à droite.

Salle du tresor des Atheniens: vingt-quatre des trente métopes du trésor sont exposées: elles figurent les exploits d’Héraklès et de Thésée.

Salles du temple d’Apollon: des fragments des sculptures du temple permettent de reconnaître une gigantomachie et l’arrivée d’Apollon sur un quadrige.

Après la salle de la tholos, salle des danseuses: ce groupe statuaire figure les prêtresses de Dionysos; il surmontait une colonne haute d’une dizaine de mètres. Cette œuvre de style classique (vers 330 av. J.-C.) est un ex-voto athénien. Contre le mur de droite, les statues avaient été offertes par Daochos Il, qui représentait la Thessalie auprès de l’administration delphique.

La salle suivante renferme l’Aurige, chef-d’œuvre de la sculpture classique. Ce bronze, figurant un conducteur de char, appartenait au groupe statuaire d’un quadrige, offert par le vainqueur d’une course de chars vers 475 av. J .-c. Le conducteur (l’attelage est remarquable par son immobilité, l’aspect calme ; dans l’action; les pieds sont placés de biais par rapport au corps vu de face. il porte le costume de cocher retenu aux épaules et à la taille par une cordelette; cela a permis au sculpteur de créer le jeu harmonieux des plis resserrés sur les bras. Remarquez sur le bras musclé, la veine en saillie, et sur le visage l’expression attentive, rendue réaliste par les yeux incrustés (d’émail et d’onyx). L’attitude élégante, à la fois simple et solide, fait le charme de cette œuvre.

Salle greco-romaine: la statue en marbre d’Antinoüs (II siècle apr. J .-C.) figure le favori de l’empereur Hadrien.

Après avoir quitté le musée, vous verrez dans le virage, au pied de la gorge, la fontaine Castalie qui servait dans l’Antiquité aux purifications avant de pénétrer dans le sanctuaire. De l’autre côté de la route, vous apercevrez sur une terrasse les ruines du gymnase où les athlètes s’entraînaient avant de concourir sur le stade.

En contrebas de la route en direction d’Arachova, à Marmaria « les Marbres», parce que les ruines furent utilisées comme carrière) vous verrez le sanctuaire d’Athéna Pronaia, la Providentielle. Au milieu des ruines des temples et des trésors, la tholos est l’un des plus gracieux bâtiments de Delphes.

Trois colonnes doriques, très élancées, en marbre blanc du Pentélique et calcaire bleu d’Eleusis ont été redressées avec leur entablement. La fonction de cet édifice érigé vers 380 av. J .-c. est toujours inconnue. Vue superbe.

RENSEIGNEMENTS UTILES

Code téléphonique: 0265.

Office du tourisme: tél.: 829-00.

Gare routière: bus pour Athènes (3h), Livadia, Patras via Itéa ou Naupacte, Thessalonique (6h30) via Amphissa.

Police touristique: 45, rue Apollonos, tél.: 822-20.

AUX ENVIRONS

A 10 km à l’est, Arahova est un pittoresque village au pied du mont Parnasse. Spécialité de couvertures de haute laine (jlokali) et de sacs bariolés.

Le mont Parnasse (2 700 m) est à 27 km; cette station de sports d’hiver comprend une douzaine de remonte-pentes. L’ascension, que l’on peut entreprendre en été, est facile.

Sur la route d’Athènes, ne manquez pas de bifurquer (24 km) vers Hosios Loukas (12 km). (Voir plus loin).

A 23 km au nord-ouest, Amphissa possède un château franc construit lors de l’occupation de Boniface de Montferrat; la ville portait alors le nom de La Sole.

Itéa est à 18 Km au sud-est; la route passe dans une région plantée d’oliviers et aboutit en bord de mer dans cette petite station (hôtels), malheureusement défigurée par une usine d’aluminium.