L’ancienne Corcyre est « la reine des Îles Ioniennes» et ressemble à une corne d’abondance. Les pyramides d’oranges qui s’entassent au marché racontent la richesse de cette terre de Cocagne. Toute l’Île n’est qu’un vaste verger. Son climat doux (humide en hiver) toute l’année fait que Corfou est un lieu de villégiature apprécié; les attractions ne manquent pas: discothèques, sports nautiques variés, parachutisme ascensionnel, excursion en bateau à fond de verre, promenades équestres, golf et promenades dans toute l’Île. Les Corfiotes aiment les fêtes: vous aurez certainement l’occasion de voir l’une des processions religieuses (Rameaux, Samedi saint, Il aoiit, premier dimanche de novembre et le 12 décembre) ou un des matchs de cricket.
La plus septentrionale des Îles Ioniennes est longue de 64 Km., large de 32 Km et n’est qu’à 2 Km de l’Albanie (ne vous approchez pas des côtes albanaises, votre promenade risque fort de se terminer en prison). C’est aussi la plus peuplée de ces Îles et elle compte 91 000 habitants.
Première escale grecque du voyageur qui vient d’Italie par la mer, Corfou fut la dernière étape d’Ulysse avant de regagner Troie. Victime d’un nouveau naufrage, le héros de l’Odyssée échoua près d’une, rivière où il s’endormit. Au lever du jour, la fille du roi des Pheaciens, Nausicaa, se rendit avec ses suivantes laver le linge. Tandis que le linge séchait, elles jouaient à la balle, et leurs cris réveillèrent Ulysse. S’étant couvert de branchages, il se présenta; mais les servantes effrayées s’enfuirent. Seule Nausicaa resta et lui offrit des vêtements. Au palais, Ulysse raconta ses aventures lors du banquet donne en son honneur et le roi Alcinoüs affréta le bateau qui ramena le fils de Laerte à Ithaque…
Au VII s. av. J .-c., Corinthe fonda une colonie au sud de la ville actuelle. La cite de Corfou devint une puissance maritime et se libera assez vite du joug de Corinthe, mais elle ne garda pas longtemps son indépendance du fait de sa position. Au cours des siècles, elle fut envahie par toutes les nations: Romains, Goths, Lombards, Sarrasins, Normands, Vénitiens lors de la quatrième croisade, puis les princes d’Anjou, à nouveau les Vénitiens, puis les Français sous la Révolution et l’Empire, et au XIX s. les Britanniques.
Dès le XV s., Corfou est le centre administratif des îles Ioniennes et une escale essentielle sur la route maritime du commerce avec l’Orient. L’île est deux fois attaquée par les Turcs en guerre avec Venise: en 1537, la ville se protège et renforce ses citadelles; en 1716, le sultan Ahmed III échoue à son tour.
L’italien resta longtemps la langue de la bourgeoisie et de la noblesse corfiotes. L’influence vénitienne apparaît encore dans les monuments, mais aussi dans les oliviers dont Venise avait encouragé la plantation: elle donnait un sequin pour chaque arbre planté. Après la chute de l’Empire napoléonien, les gouverneurs britanniques poursuivirent la politique de développement intellectuel, avec la création d’une université et de sociétés savantes.
Kerkira
La ville est bâtie sur une presqu’Île: au nord, vous trouverez les deux ports de part et d’autre de la nouvelle forteresse, le nouveau port à l’ouest d’ou les ferries vont el Patras, en Italie, en Yougoslavie… et le vieux port, au pied de la vieille ville, d’ou les ferries desservent Igoumenitsa et Paxos; à l’est, la vieille forteresse et la célèbre Esplanade bordée d’arcades.
En partant du port, longez le front de mer par la rue Arseniou devant les belles façades des demeures patriciennes. En montant, vous arrivez le long de l’ancien palais des gouverneurs britanniques. Ce bâtiment en calcaire de Malte, aux deux colonnades latérales en arc de cercle, fut édifié en 1816 dans le style néoclassique; il abrite un musée d’Art asiatique : figurines
Tang, porcelaines et laques d’époque Ming, boîtes à tabac en jade, ambre ou agate; armes et armures de samouraïs, masques de théâtre No; estampes et enfin une collection de paravents japonais du XVI siècle
Devant le palais s’étend un terrain de cricket (matchs internationaux en juillet), puis l’Esplanade (Spaniada), qui est depuis des siècles l’élément essentiel de la ville: place d’armes pour les exercices de la garnison, lieu de procession, et aujourd’hui le lieu de promenade favori des Corfiotes, qui y viennent surtout en soirée.
Elle fut aménagée par les Français (1807-1814), qui construisirent le « Liston», ces hautes maisons à arcades qui ressemblent à celles de la rue de Rivoli à Paris, et qui plantèrent les arbres. Dans les cafés, on sert une spécialité de boisson au gingembre, le « gingibra ).
Sur la gauche, traversez la passerelle qui mène à la vieille forteresse (PaJeo Frourio), dont il reste des bâtiments de casernes et de fortifications du XVIe siecle, et l’église Haghios Georgios à l’aspect de temple dorique. La vue est magnifique le matin.
Au sud de l’Esplanade, une rotonde ionique fut elevee à la mémoire du premier haut commissaire britannique, Sir Thomas Maitland (1815-1823). Au milieu de la rue Kapodistriou, qui longe l’Esplanade, prenez la rue Voulgareos. Vous verrez sur la gauche la cathédrale catholique, puis la mairie qui occupe une ancienne loge destinée aux réunions des negociants, bâtie au XVII siècle, transformée plus tard en théâtre. Cette élégante bâtisse comporte une frise de médaillons et les armes de la ville, un vaisseau à voile déployée.
Prenez alors à droite jusqu’à l’église Haghios Spyridon, patron de l’Île. Elle fut édifiée à la fin du XVIe siècle pour abriter les reliques du saint; celles-ci sont conservées dans une châsse d’argent dans la sacristie à droite, au milieu d’une collection d’ ex-voto.
Puis promenez-vous, à pied ou en fiacre, au hasard dans cette ville avenante et gaie, aux ruelles étroites, ou les églises ont des clochers carrés comme à Venise.
Le musée archéologique (5, rue Vraila; près du front de mer au sud de la Spaniada) conserve surtout des œuvres d’époque archaïque, notamment le fronton ouest du temple d’Artemis (début VIe s. av. J-c.). Ce temple dorique était orné d’une imposante Gorgone (ou Méduse), haute de 2,75 m. Ce monstre, à la chevelure et la ceinture de serpents, a un regard si pénétrant qu’il pétrifiait quiconque le regardait. Persée réussit à couper la tête de Méduse, grâce à son bouclier dont il se servicomme d’un miroir.
Du cou de Méduse sortirent Pégase, le cheval ailé (à gauche) et Chrysaor, 1’« homme à l’épée d’of) (à droite). On voit ensuite des fauves, Zeus imberbe foudroyant un Titan, et Gaia la déesse de la Terre. C’est l’un des rares ensembles conservés de l’époque archaÏque. Il est remarquable par la fermeté des volumes et le soin donné aux détails décoratifs. Vous verrez également des décorations en terre cuite de l’époque archaïque, des sculptures, un superbe casque en argent et une couronne de laurier.
Le long de la côte sud
La promenade de Kanoni (6 Km au sud) doit son nom à la plate-forme qui portait une batterie française. Quittez Corfou en suivant la baie de Garitsa; à Anemomilos, arrêtez-vous à l’église byzantine des Saints-Jason-et-Sosipater du XII siecle Ornée de quatre icônes du XVIIe s. figurant les saints Jason, Sosipater, Jean Damascène et Grégoire de Palamas. La route passe devant les fouilles du site antique de Kerkira, puis le long des parcs d’hôtels de luxe. Prenez sur la droite pour arriver devant la lagune coupée par la piste de l’aéroport. Sur le premier Îlot, la jetée donne accès au monastère des Vlachernes (Vierge des marins). On se rend en barque au second Îlot, «l’Île souris» ou de Pondikonissi, ou est bâtie une petite église du XIIIe siecle De la plate-forme au-dessus, on admire l’un des plus beaux paysages de Corfou.
Dans le village de Gastouri (9 km), l’ Achilleion , ou palais d’Achille, fut la résidence d’été de l’impératrice Elisabeth d’Autriche, qu’elle fit construire après le drame de Mayerling (1889). Le palais appartint de 1907 à 1914 à l’empereur d’Allemagne, Guillaume II. Quelques salles ont été aménagées en musée souvenir avec des objets ayant appartenu à ces deux illustres souverains. Le parc est planté de palmiers, de pins, de mimosas et de fleurs, et décoré de sculptures. Vous ne pourrez manquer celle qui figure Achille vainqueur, haute de 8 m, placée à l’extrémité de la terrasse par Guillaume II; on lui doit aussi l’inscription sur le socle: « Au plus grand des Grecs, le plus grand des Germains»! Panorama. Derrière les tables de jeu du casino (ouvert le soir), vous verrez les statues des neuf Muses, et à travers les fenêtres l’immense peinture du Triomphe d’Achille. Certaines scènes du James Bond «For your Eyes only» furent tournées ici.
Benitses (13 Km) est un village de pêcheur, et une station balnéaire fréquentée par les Britanniques (nombreuses discothèques).
Au sud, vous trouverez des plages calmes à Haghios Ioannis et à Messongi, mais si vous allez à Kavos, l’eau est beaucoup plus fraÎche.
Le long de la côte nord-est
La plupart des hôtels, des campings et des discothèques de l’Île sont alignés au nord de Kerkira dans les villages de Dassia, Ipsos et pyrgi. Par la route tortueuse qui passe au pied dumont Pantokrator (906 m; un sentier au départ de Spartilas conduit au sommet) en longeant la côte, vous aurez de beaux points de vue. Kassiopi (35 Km) est situé en face de l’Albanie. Son petit port et sa très longue plage de galets sont dominés par les ruines d’une .forteresse du XIIIe siecle; son église de la panaghia est ornée de fresques du XVIIe siecle La route permet de gagner l’ouest de l’Île et le village de Sidari sur une côte rocheuse aux nombreuses petites criques.
Le long de la côte ouest
Au départ de Kerkira, le plus court chemin pour aller sur la côte ouest mène au village de Pelekas (13 Km) dans un très beau site, et à la plage de Glyfada, très fréquentée. Vous passerez par Haghii Deka: panorama sur l’intérieur de l’Île.
Paleokastritsa (26 km au nord-ouest de Kerkira par la route intérieure) est un site formé de plusieurs criques pittoresques au pied d’un versant montagneux couvert d’oliviers et de chênes verts. De là, un bateau à fond de verre permet de découvrir la faune et la flore marines.
La route se termine devant le monastère de la Panaghia Theotokos, d’ou l’on a une vue splendide sur la côte et l’eau turquoise.
De Lakonès (beau panorama sur la baie), vous poursuivrez par la route jusqu’à Krini et les ruines d’Angelokastro, forteresse byzantine du XlIIe s. Plus au nord, vous trouverez une belle plage à Haghios Gordios.
RENSEIGNEMENTS UTILES
Code téléphonique: 0661.
Office du tourisme: palais du Gouverneur, tél.: 30-360.
Aéroport à 2 km de la ville de Corfou, tel. : 30-180. Vols en provenance de toute l’Europe.
Consulat de Belgique: 44, avenue Alexandras, tél.: 37-788 Ferries:
Corfou est sur le parcours de nombreux bateaux qui viennent de Brindisi, Bari, Ancône, Otrante, et Dubrovnik. Ils arrivent également de Patras (10 h) et d’Igoumenitsa (2 h); tandis que d’autres assurent les liaisons avec Paxi, Ithaque, Céphalonie.
Gare routière: KTEL, place de la Nouvelle Forteresse; les bus partant de cette place desservent les principaux villages de l’Île.Mais pour aller à l’ Achilleion, Benitses, et Dassia, prenez les bus urbains (bleu), place Sanrocco. Pour Kanoni, les bus partent de la Spaniada.
Location de maisons et’ d’appartements: Carriers Travel, 120, rue Theotoki, tél.: 45-846.
Police touristique: tél.: 302-65 et 306-69.
Son et lumière: du 15 mai au 30 septembre à la vieille citadelle.